La réforme : The Beginning…

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Tout a commencé à la mi-février par des déclarations qui nous ont fait bien chier :
« Le patronat a actionné une bombe à retardement en proposant une refonte du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle. » Libé

« Le patronat (…) propose ni plus ni moins la suppression des annexes 8 et 10 applicables aux artistes et techniciens du spectacle vivant et enregistré engagés par intermittence. » L’huma

« Dans le cadre des négociations globales sur l’assurance-chômage, le patronat a proposé que le régime des intermittents soit purement et simplement supprimé. Tollé chez les principaux intéressés, qui appellent, via à la CGT, à la « riposte ». »  France Inf’

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Chez ALGDC, si une grande partie d’entre nous vit exclusivement du spectacle vivant, c’est grâce à ce régime. Mais soyons honnêtes, autour de nous, les gens ne savent pas trop ce qu’est l’intermittence c’est pourquoi nous vous proposons notre grande foire aux questions !
Bon après, on répond avec ce que nous savons, c’est tellement compliqué qu’on nous autorisera quelques maladresses. Afin d’être prudents, on ne va pas trop entrer dans les détails.

Virgnie V, : »C’est quoi un intermittent ? »
C’est une personne qui, coiffée d’un bonnet péruvien, vient faire des happenings sur les plateaux télé.
C’est aussi quelqu’un qui travaille dans l’audiovisuel ou dans le spectacle vivant (artiste ou technicien) et qui peut justifier d’avoir été salarié au moins 507 h en 10 mois.
Une fois ce nombre d’heures obtenu, ces personnes touchent une ARE (Allocation de Retour à l’Emploi) pendant 243 jours ce qui peut leur permettre de reconduire leurs indemnisations.
Les annexes 8 et 10 de la convention blabla de l’assurance chômage établissent blabla les règles concernant les indemnités de blabla chômage pour les intermittents du spectacle. L’annexe 8 concerne les techniciens blabla de l’audiovisuel et du spectacle vivant. L’annexe 10 concerne les artistes du spectacle : comédiens, blablablablablabla musiciens, danseurs…Vu que dit comme ça c’est super chiant, on va faire un dessin.
Prenons un fanfaron moyen comme exemple, nous l’appellerons Alain.

 

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Jean Baptiste P : « Comment sont calculées les ARE ? »
Voici comment sont calculées les Allocations de Retour à L’Emploi.
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C’est pas une blague, j’ai chopé ça ici. En gros les ARE dépendent de ce que tu as gagné l’année précédente et du nombre d’heures que tu as faites. Plus ton nombre de cachets est élevé plus tes ARE le seront. Mais si tu t’appelles « Gros Johnny » et que tu fais des cachets à 50 000 $ tu ne pourras pas être indemnisé car l’allocation journalière est comprise entre 31,36 € et 133,27 € pas plus, pas moins. Mais rassurez-vous, on connait peu de gens qui sont à plus de 100 €/jour, même 75€ …

Alain J : « mais c’est quoi cette histoire de déficit ? »
Bon, ce serait galère de vous faire un dessin… Le plus simple c’est de regarder le dessin que le monsieur a fait sur cette vidéo. En plus, il explique tout bien.

Patrick M –  Combien d’heures vous travaillez réellement?
– Combien vous êtes payés en fait?
Et bien, ça dépend des gens, nous travaillons au moins :
le nombre d’heures déclarées + les repérages + les trajets + le travail personnel + les répétitions non rémunérées (qui normalement n’existent pas) + le travail de recherche + temps d’écriture + temps de création + recherche de cachets + créations ponctuelles + les papelards + aide à la pratique amateur …
Notre paie évolue en fonction des cachets et des ARE que nous touchons.
– Vous payez des impôts?
Comme tout le monde, on paie des impôts en fonction de nos revenus et de notre situation familiale.

– Est-ce la même situation dans audiovisuel ou dans le spectacle vivant?
Oui plus ou moins (voir un peu plus bas).

Antoine : « ça vous fait rien de vivre aux crochets de la société ? »
Antoine, je crois que tu nous confonds avec certains élus qui gagnent plusieurs milliers d’euros en cumulant des mandats. Mais il y a deux grandes différences, nous gagnons beaucoup moins et nous devons rendre des comptes tous les 10 mois. Ceci dit il existe des abus chez les intermittents, comme partout.

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Tim  G : »est il possible d’intégrer à ce régime les autres artistes précaires ? »tournage
Les productions des entreprises du spectacle sont souvent par nature limitées dans le temps, ce qui les amène à contracter avec des artistes, techniciens, ouvriers, sur des périodes définies, quand bien même elles salarient éventuellement par ailleurs du personnel « permanent ». Elles peuvent engager un artiste ou un technicien, dans le cadre d’une production, pour un contrat d’une journée ou plus.

Cette situation particulière de succession de contrats à durée déterminée, d’alternance de périodes d’emploi et de chômage, a amené les partenaires sociaux siégeant à l’Unedic à aménager des dispositifs particuliers quant à leur accessibilité aux droits d’indemnité chômage.

En 1936 est créé le régime salarié intermittent à employeurs multiples pour les techniciens et cadres du cinéma. Ce régime est encouragé par les producteurs de cinéma qui à l’époque ne trouvaient pas de techniciens, mais souvent des artisans et des ouvriers dans diverses corporations (menuisiers, peintres, décorateurs, ensembliers). Ceux-ci préféraient travailler chez un patron en fixe avec une paye toute l’année, d’où la difficulté pour le cinéma de trouver des hommes pour des périodes courtes et ponctuelles. Avec ce régime particulier, ils pouvaient travailler pour des films quelques mois et le reste du temps une caisse leur donnait une indemnité pour continuer à vivre et surtout à être disponibles. Le nombre de personnes concernées était à l’époque très modeste.
En 1969, les artistes interprètes sont intégrés au régime d’intermittent, puis les techniciens du spectacle vivant.

Lukas G : « Est-il vrai que vous fumez de la drogue ? »
Ah non quand même pas !

Cie Ramdam : »qu’a-t-il en commun avec le régime Dukan ? »
Sur le début de semaine on peut trouver des points communs, notamment sur tout ce qui est légumes vapeur. Oui, le weekend c’est plus fromage et vin rouge.

Elise C : »Nan mais, sinon, c’est quoi ton vrai métier ? »
LA question qu’on nous pose au moins une fois par semaine :).  Mais attention, intermittent n’est pas un métier, nous sommes musicien(ne)s, comédien(ne)s, technicien(ne)s, machinistes…
Nous avons avant tout choisi de vivre de ce que nous aimons faire.

Yvan T : »Vous dites 500€HT, parce que vous payez des taxes ?
Ça veut dire que ça va me coûter combien en vrai ? »
Environ 500 € + les taxes, enfin environ…

Marie B : « Vous avez le droit au congé maladie? »
Quand on est malade, la sécu nous prend en charge comme tout le monde ou presque. Mais c’est quand même plus simple de ne jamais être malade
congé maternité?
Quand on est enceinte, la sécu nous prend en charge comme tout le monde ou presque. Mais c’est quand même plus simple de ne jamais être enceinte.
sans risque de perdre ce statut?
En théorie non, mais c’est quand même plus simple de ne pas faire compliqué.

Jérôme G : »Est ce qu’on va mourir?!!??!!?? »
Oui.

 

CULTURE-UNEDIC-INTERMITTENTSTeddy De M : »pourquoi avec tant d’argent les intermittents ont-ils tous des bagnoles pourrites…!??? »
Je crois que c’est par amour de l’aventure, perdre ton décor en rentrant d’Aurillac car tes freins t’ont lâché à Tulle, se faire doubler sur l’autoroute par sa roue arrière… L’aventure quoi !
Anthony B « est ce que l’intermittence est quelque chose comme le RSA des prétentieux? »
Tu sors !

Romain B « On est obligé d’écouter Inter pendant la mi-temps ? »
Oui pendant les matchs de l’Inter-Milan… Anthony, Romain, ne fermez pas la porte je vais sortir moi aussi…

Antoine H « Quelles sont les propositions des syndicats ?  »
Sur le site de des CIP IDF. (Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France).
Une annexe unique.
– La garantie d’un système mutualiste : la date anniversaire.
– Une meilleure répartition des indemnités : plancher et plafonds.
– Garantir en période de chômage un revenu de remplacement et non un revenu de complément.
– Représentation, financement, champs d’application : revoir la gestion de l’assurance chômage.
Sur le site de la CGT spectacle:
– Assurer la pérennité, au sein de la solidarité interprofessionnelle, d’un régime spécifique d’assurance chômage pour les salariés intermittents du spectacle vivant, de l’audiovisuel, du cinéma et de l’édition phonographique.
– Garantir le versement d’un revenu de remplacement – et non pas de complément – pour les périodes de chômage.
– Rechercher, autant que possible, les conditions d’affiliation en fonction de la durée légale du temps de travail.
– Garantir une indemnisation équivalente pour un salaire et un volume d’activité annuel égal et ce, quel que soit le mode de déclaration des activités salariées (heures, cachets ou forfaits journaliers) en fonction du SMIC, des plafonds de la Sécurité Sociale, des conventions collectives, des salaires versés et des heures travaillées.
Lire la suite et les détails par ici.
Pour aller plus loin ..
la vidéo de l’AG du théâtre du rond point TF1 vidéo
Les intermittents prêts à la riposte – Europe 1 (titre qui fait peur han han han).
Le Medef joue avec le feu – Télérama
Un article sur (entre autres) les contrôles existants – La Scène
Une pétition pour supprimer le MEDEF ici, et une page facebook par là.

 

« bah ils iront bosser comme tout le monde » dit un commerçant de droite…
Et bien le problème c’est que nous sommes tous concernés…A commencer par les commerçants justement…
Reprenons notre fanfarons type: Alain.
alain
Si Alain ne peut plus vivre de son métier ses projets s’arrêteront, les siens et bien d’autres. Sans toutes ces propositions, les théâtres et les festivals fermeront ou du moins perdront du public et cela aura un impact économique.
Pour le public ce sera pareil :festivalières

Les villes seront moins fréquentées par les festivalier(ère)s qui du coup n’iront pas à l’hôtel, au camping, au restaurant, au bar…
Voici l’exemple pour le festival « Eclat » d’Aurillac :« Ce sont 2 millions d’euros de dépenses des festivaliers qui ont été réinjectés dans l’économie locale notamment dans la restauration (32%) et les commerces (30%), l’hébergement étant impacté à hauteur de 22%, les bars à hauteur de 15%.
On apprend que le «panier moyen» du festivalier est de 84 € pour les festivaliers, contre 154 € pour les artistes participant au festival et 184 € pour les professionnels ». (Source).
aurillac(qualité Street à Aurillac – Crédits Photo Qualité street).

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Pour continuer, clique sur une des deux photos ci-dessous !
sardou mais que fait un artiste 2

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